Caroline Aphessetche
Autonomie en montagne, premier pas en toute sécurité
Dernière mise à jour : 8 juil. 2021

Vous randonnez souvent sur les mêmes itinéraires et vous avez envie de pouvoir sortir des sentiers battus et explorer de nouveaux horizons par vous-même, éviter les foules? On ne peut que comprendre, mais il faut savoir tout de même certaines choses avant de vous lancer!
Cet article vous aidera à connaître les principes de base.
Pourquoi être autonome en montagne? Pour être libre!

La raison principale est celle d'aller où on veut. Vous pouvez aller là où ça vous chante!!
Rallonger, raccourcir, changer d'itinéraire, faire un sommet ou pousser jusqu'au col, vous saurez vous débrouiller et ajuster votre itinéraire au gré des envies et des besoins.
Si vous vous engagez sur une randonnée, vous pourrez, en cas d'arrivée d'orages par exemple, faire un point rapidement sur votre environnement et voir où vous abriter, éventuellement raccourcir pour rentrer plus tôt. Vous aurez le luxe de vous "perdre" dans une vallée sauvage et faire la sieste au bord d'un lac loin des foules en plein mois d'août.
En plus d'aller où on veut, on peut aller quand on veut. On peut se permettre de sortir avec une météo incertaine si on sait quoi faire lorsque la pluie arrive, et on sait s'équiper pour. On n'est plus obligés de sortir uniquement lorsqu'un beau soleil brille, comme la grande partie des randonneurs.
On peut aussi aller avec qui on veut. Vous pourrez aller en randonnée avec n'importe qui. Peu importe si votre coéquipier de rando ne sait pas lire une carte, c'est vous qui gérez! Plus besoin d'aller avec des personnes expérimentées, c'est vous qui menez la danse! Vous pouvez même aller seul. Comme la plupart des gens, je préfère partager mes sorties en montagne en bonne compagnie mais savoir aller seul est une grande liberté!
Une question de caractère: savoir prendre des décisions

Tout le monde ne peut pas être autonome en montagne, tout le monde n'en a pas les moyens et tout le monde n'en a pas envie. Tout simplement car c'est une histoire de caractère. Il y a des meneurs et des suiveurs, des aventureux et des prudents. Et tant mieux! Si tout le monde était autonome, fini les endroits sauvages. Il y aurait du monde partout.
Avant de vous lancer dans l'aventure de l'autonomie, posez-vous la question de si cela correspond à votre tempérament.
A mon avis, le trait de caractère le plus important pour se lancer dans l'autonomie est celui de la faculté à prendre des décisions. Prendre des décisions en montagne est primordial pour la sécurité. La montagne comporte ses dangers qu'il ne faut pas minimiser. Le risque se calcule, lorsque l'on sent qu'on arrive à un seuil critique, il faut peut-être renoncer. Renoncer est une décision assez facile à prendre lorsque l'on est tout seul, mais accompagné, c'est plus difficile.
Vous serez amené à prendre souvent des décisions, est-ce que j'y vais, est-ce que je les suis, est-ce que je m'arrête au col, est-ce que je fais demi-tour, est-ce que je pousse jusqu'au prochain sommet. L'hésitation qui dure peut accroître le facteur risque.
Essayez également de ne pas vous laisser submerger par des peurs qui ne servent à rien.
Face à un danger, on ressent de la peur. La capacité à évaluer si sa peur est rationnelle ou irrationnelle est très importante. Par exemple, avoir peur d'emprunter un large chemin en balcon de falaise peut engendrer une peur irrationnelle, vous avez peur du vide mais il n'y pas de danger réel à cet endroit-là, car il n'y a aucune raison de tomber. Cette peur ne vous sert à rien, sauf à éventuellement vous faire perdre vos moyens et du coup, vous mettre en danger.
La peur rationnelle que l'on ressent lorsque nous sommes face au danger avéré est une bonne chose car elle fait partie de notre instinct de survie.
Différencier ces deux peurs est chose difficile car notre état psychologique du moment nous fait appréhender et interpréter ces peurs de manière différente.
Petite parenthèse pour ceux qui voudraient en savoir plus, la Méthode de Munter:
On sait que les accidents en montagne sont en majorité dus à des erreurs humaines, des randonneurs peuvent s'engager sur des terrains trop difficiles, ne savent pas s'orienter ou s'équiper. En sus, l'aspect psychologique de la personne est extrêmement importante. Les professionnels de la montagne et pratiquants confirmés connaissent la méthode de Munter. D'abord mise en place pour évaluer le risque d'avalanche en montagne hivernale, cette formule s'applique à toutes les activités ourtdoor, dont la randonnée estivale.
La méthode considère ces 3 variables:
Le terrain: est-il trop difficile pour moi? Ne vous surestimez pas
Les conditions: météo, période de l'année avec des jours plus ou moins long, etc
l'humain: vous. Dans quelle humeur et état psychologique êtes-vous? Avec qui êtes-vous?
Et on les transpose à 3 moments d'évaluation:
général: dans quoi puis-je m'engager en tant normal
local: ce jour-là, dans quel état est le terrain (glissant,), météo du jour
zonal: à un endroit critique ou passage clé
Pour en savoir plus, la théorie de Munter: https://www.anena.org/6014-la-formule-3x3-de-munter.htm
Les règles de base de l'autonomie
Quelques règles de base vous permettent de mettre toutes les chances de votre côté pour réussir vos premiers pas dans l'autonomie et continuer dans ce sens-là.
Ne pas mettre la barre trop haute pour commencer. Sortez de votre zone de confort petit à petit. Il y a un gros écart entre ce que vous pouvez faire lorsqu'on vous amène et lorsque c'est vous qui gérez.
Choisissez un itinéraire facile, soit conseillé par quelqu'un de confiance qui a compris votre projet, soit trouvé dans un livre de randonnée. Gardez de la marge par rapport à votre niveau. Par exemple, si vous êtes à l'aise dans des sorties de 1000 mètres de dénivelé dans le cadre de votre club, choisissez une sortie de 500-600 mètres de dénivelé pour votre première sortie carte à la main.
Prenez le temps de préparer votre sortie minutieusement. Lisez et relisez le topo, regardez à nouveau la carte, listez ce que vous allez trouver (cabane, forêt, sommet, marcherez-vous en rive gauche ou droite du torrent, etc...). Démarrez votre sortie en ayant une vision globale de l'itinéraire dans votre tête.
Choisissez un support sur lequel vous allez surtout vous appuyer. Application sur mobile, topo guide, carte IGN, peu importe mais vous devez en avoir une certaine maîtrise. Apprenez à lire une carte, la carte au fond du sac vous servira toujours.
